RESULTATS ET DEBRIEFINGS 
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Wild Team Centre-Val de Loire

Iron Man Nice

Depuis le temps que j'en parlais ou que je l'évoquais dans mes débriefs, il fallait bien se lancer à la conquête de la distance reine. Depuis 2014 que j'ai découvert le triathlon à Deauville et que j'ai eu un vrai coup de foudre, j'y pense. Ça me semblait à l'époque infaisable. Et puis, année après année, j'ai augmenté les distances pour réaliser que je pouvais en être capable. Le but de cet écrit est aussi de donner envie à ceux qui le liront de se lancer. Certains récits de wilders m'ont, à cet égard, inspiré.

C'est un projet familial. Cela fait un moment que j'en parle à ma femme mais il faut que la famille valide des mois d'entrainements. Ce n'est pas la course en elle-même qui est problématique mais tout l'entrainement qui est nécessaire. Je choisis Nice pour plusieurs raisons: la date, fin juin, qui permet de passer un été relativement tranquille avec mes enfants. L'année dernière j'avais participé au tri de l'Alpe début août et je m'étais beaucoup entrainé en juillet. Pas très marrant pour les enfants. Je sais qu' à Nice, on pourra nager en combinaison et que le parcours vélo est chouette. Dans les points négatifs, j'imagine que la cap sera chaude et que ce sera un désavantage pour moi qui supporte assez mal la chaleur. Enfin, en s'inscrivant tôt, l'orga permet, en cas de blessure au cours de la prépa, de reporter l'inscription à l'année d'après et vu l'investissement, ce n'est pas négligeable.

En septembre, après une  ultime discussion avec Maud, je clique sur "confirmer l'inscription". Je me souviens d'une douce euphorie dans la journée. Entre temps, je me fais retirer une varice en novembre et je prévois de commencer l'entrainement en décembre pour un bloc de 31 semaines avec le triathlon de Cannes en préparation en avril. Il y aura 4 semaines, en décembre et en février durant lesquelles je délaisserai mes trois sports favoris pour faire du ski de fond. J'ai tenu un journal de bord, semaine après semaine, que je peux fournir pour donner une idée de la quantité d'entrainements. Je consulte trois plans d'entrainements différents et je mixe les idées phares de chacun d'entre eux tout en privilégiant celui qui semble le plus dur.

Au total, je m'entrainerai plus de 50 heures par mois pendant 7 mois avec un pic à 75 heures en mai (quasiment 20 heures par semaines à deux reprises en mai). Cela donne 5500 km en vélo, 800 en cap et 150 en nat. J'enchaine chaque semaine au moins une sortie longue à vélo de 100km avec de la course à pied derrière. Au maximum, en mai, j'aurai enchainé 202km en vélo et 15 km de cap. La prépa s'est très bien passée, sans blessure, avec quelques alertes physiques mais rien de grave. J'ai un coup de mou après le triathlon de Cannes qui se manifeste par une sorte d'usure mentale mais que je parviens à surmonter. 

Le bémol étant la météo, instable et globalement froide, qui ne me permet pas de me préparer dans les conditions chaudes du sud. A titre d'exemple, en mai, il m'est demandé de courir 1H40 vers 14h pour simuler l'heure à laquelle je courrai à Nice et affronter la chaleur. Je m'execute mais il ne fait que 21 degrés...Quand on me demande si je me sens prêt, je réponds par l'affirmative en émettant les réserves liées à un problème mécanique ou à une chaleur excessive que je supporte mal. Je vais être servi...

Je pars de Paris le mardi, dort à Lyon chez des amis et vais chez mon frère dans l'arrière pays aixois jusqu'au vendredi. La canicule est violente, l'alerte rouge: 45 degrés à l'ombre. Je reste cloitré pendant 3 jours. Je ne doute pas que la course sera maintenue car je sais que les enjeux financiers sont énormes. Et pourtant, les évènements culturels et sportifs sont annulés les uns après les autres. Vendredi soir, l'info tombe: le parcours est raccourci, amputé de 20 km de vélo et de 10 en cap. Je suis abasourdi. On est passé proche de la correctionnelle et de l'annulation pure et simple. Je suis déçu. Je voulais m'étalonner sur la distance et là, c'est comme si on m'arrêtait sur un marathon au 35e km ou à 4000m sur l'ascension du Mont Blanc. Je récupère Maud le vendredi soir et nous partons pour Nice le samedi. Je récupère mon dossard et dépose mon vélo et les sacs de transition dans l'aire le samedi après-midi et nous rejoignons l'appartement que nous avons loué.

Dimanche: lever à 3H40. J'arrive au parc à vélo à 5H, regonfle mes pneus que tout le monde a dégonflé la veille pour éviter qu'ils n'éclatent. La température de l'eau est annoncée à 24,7 mais les combis sont autorisées par raison de sécurité. La décision me surprend mais m'avantage. On attend longtemps dans les sas de départ: je transpire beaucoup. Il fait 27 et le soleil n'est pas encore levé...

Nat: Départ en rolling start qui fluidifie la course et permet une nage confortable. Je nage en souplesse, c'est super agréable. J'ai bien compté le nombre de bouées  et je sais parfaitement où j'en suis, quand d'autres sont un peu paumés. Il n 'y a pas de sortie à l'australienne mais deux boucles. la première fait 2,4 km et on se rapproche du bord avant d'entamer la deuxième. Là j'en ai un peu marre mais je repars assez facilement pour la deuxième boucle. Je finis en 1H13. je fais une transition lente. Je me change, mets de la crème solaire, m'équipe pour une session vélo qui va être longue...

Vélo: Je démarre et, au bout de 2km, je ressens une violente contracture dans la fesse gauche qui irradie le haut du quadriceps. C'est la troisième fois que ça m'arrive et je ne me l'explique pas. C'est douloureux et la cap me semble déjà fortement compromise. Première montée au bout de 15 km. La chaleur est déjà insupportable, je suis en nage, je n'ai aucune sensation et le moral est au fond des chaussettes. J'ai un léger mal de crâne qui peut s'apparenter à un début de coup de chaud. Le moral n'est plus au fond des chaussettes, il n'est plus là. Je suis en souffrance. A chaque ravito, je récupère deux bidons que je vide très rapidement. La montée du col de l'Ecre s'effectue en plein soleil et je double un copain de lycée que je n'ai pas vu depuis 20 ans et qui me dit qu'il est déjà en mode gestion. En haut du col, le moral est toujours en berne, je récupère un ravito perso que je ne parviens pas à manger. Je me force mais j'ai du mal à m'alimenter. Le moindre grain de sable serait problématique, une crevaison par exemple...Nous sommes à 1100 mètres d'altitude, le ciel se charge de nuages et la température descend un peu. Au bout de 105 km, dernière ascension de 4km et je discute avec un type que j'ai croisé au tri de Cannes et que je reconnais. Lui non plus n'a pas de sensation. Et soudain, dans mon esprit, les choses s'inversent: je m'aperçois que la douleur à la cuisse s'est réduite, que les jambes tournent bien et pour la première fois, je me sens presque bien et j'envisage de courir. Je pense à mon fils, à sa déception si je ne lui ramène pas la médaille. Je me dis que je n'ai pas fait tout ça, les entrainements seuls, les sorties avec les copains réduites, les régimes alimentaires pour rien...Je décompose la cap. Ce n'est pas 31 km mais 3 fois 10,5Km ou 6 fois 5,25 KM. Je retrouve une forme d'esprit de conquête. La descente sur Nice est longue, la chaleur redevient insupportable et elle se conjugue avec le goudron et l'asphalte bouillante. Mes trajectoires ne sont pas bonnes et je veille à garder un peu de lucidité. Je reviens à Nice et pose le vélo après une excursion de 6H à 25 de moyenne alors que je prévoyais 28-29...

T2: je vois Maud et communique ma douleur à la cuisse, mon désarroi...Je passe des vêtements secs, mets une casquette, de la crème. J'urine pour la première fois depuis 4H, c'est dire que mon corps a évacué les liquides uniquement par la transpiration et je pars pour 3h de cap en plein soleil...

 Cap : les jambes répondent bien et je me cale à 5'15 du km jusqu'au demi tour au bout de la prom'. Le moral remonte. Je me dis qu'il faut que je tienne le semi à cette allure-là et que j'aviserais pour le dernier tour. 1km plus loin, j'explose. Je me sens mal, je baisse le rythme et passe à 6'-6'15 du km. J'entends mon prénom. Je viens de croiser Floriane que j'essaie d'apercevoir lors de mon deuxième tour sauf qu'elle en a déjà terminé. C'est stratosphérique. Elle est deuxième dans sa caté et, si elle était arrivée première, elle se qualifiait pour Hawai!! Pour le deuxième et troisième tour, je cours entre chaque ravito distants  de 1,7 km et marche le long de ceux-ci. On se fait copieusement arroser tous les kms quasiment et cela sèche presque instantanément. La nuque me brûle. Dans le dernier tour, le soleil se voile et la température baisse. Je retrouve des jambes, je peux appuyer un peu plus et finis aussi bien que je peux. Je tape dans la main de Maud qui filme l'arrivée et je franchis la ligne assez lucide encore. 3H23 de cap pour un total de 11H14 et une place de 1288/ 2600 partants et 2200 arrivants.

C'est la fin d'une aventure assez incroyable. Le soir, on sort dans Nice et le lendemain les jambes répondent globalement bien. Mon entrainement a donc été bon mais la chaleur m'a terrassé. J'y ai pensé chaque jour pendant 7 mois et c'est une drôle de sensation d'avoir rempli son objectif. Il n'y aura pas de défi XXL l'année prochaine. Lausanne m'attend dans deux mois et ça va être un chouette moment.  L'année prochaine, j'ai envie de préparer un trail de haute montagne comme le marathon du Mont Blanc. J'ai Embrun ou l'Alpsman dans un petit coin de ma tête maintenant pour 2021...

 

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