RESULTATS ET DEBRIEFINGS 
Racontez-nous votre épreuve et faites nous partager votre succès ou vos déboires.

Après le bébrief d'Aurélien "le lamentin" sur le L de Cannes, voici comment  moi j'ai vécu le truc avec mon point de vue de "Calamar".

Voilà le contexte: je suis blessé à la voûte plantaire depuis le mois de décembre, donc pas entraîné de l'hiver à part une petite séance de nat par semaine (les bonnes semaines, parce qu'en plus il y a les contraintes de boulot...). En tout je me pointe à Cannes pour le half en ayant couru 1 fois 20 minutes et 2 fois 45 min, plus 4 sorties vélo entre 30 et 80km et c'est tout! Niveau douleur c'est supportable mais niveau prépa c'est la misère. La prudence (et mon kiné, mon ostéo, mon médecin...) aurait voulu que je renonce, mais mon raisonnement a été différent. C'est une très belle épreuve que je n'ai jamais faite, j'ai embarqué le lamentin avec moi dans cette histoire et c'est l'occasion d'emmener les enfants quelques jours au bord de la mer pendant les vacances. Donc je me dis que je vais essayer de finir, en menant ma course dans cet unique objectif. Ca veut dire faire l'inverse de d'habitude: refuser d'appuyer fort sur les pédales pour ne pas s'épuiser. Ca fait bizarre car c'est tout à fait opposé à la logique du tri, mais ma seule expérience sur L est à Dijon l'année dernière et je me souviens qu'à avoir voulu rouler en en vélo, j'ai attaqué le semi avec les jambes lourdes et j'ai pioché pour finir sur un rythme bien trop lent pour ce que j'espérais. Donc j'y vais pour profiter des superbes paysages et de la grosse organisation.

   J'arrive 24h avant et on perd un temps fou (le stationnement à Cannes...) pour aller chercher les dossards puis retourner poser les vélos dans le parc, vu qu'on loge à Mandelieu (à environ 10km de la croisette). Le matin, on se lève à 5h45. En mangeant notre gatosport Décathlon (pas mauvais du tout), on constate qu'il y a un vent de dingue, sur la route qui longe la plage pour se rendre au départ vers le Palm Beach la mer est démontée! Heureusement la nat se déroule dans une partie un peu abritée des vagues et finalement ça change tout. Il y a beaucoup de monde et des super vélos, la veille on a vu les pros qui étaient déjà dans leur course, Charlotte Morel rentre en même temps que nous dans le parc, on voit qu'elle a un physique franchement athlétique, elle a l'air puissante, (elle finira 3ème à quelques secondes de la 2ème marche). La météo n'est pas terrible.

  Nat: on se place à l'extrémité gauche avec Aurélien et sa nouvelle combine. Environ 1000 bonnets rouges autour de nous, et quelques dizaines de pros avec des bonnets blancs. Il fait à peine jour et mes lunettes de natation sont fumées, j'ai peur de ne rien voir, mais finalement malgré les remous, l'eau est claire et on se dirige pas trop mal. La première bouée passe sans encombre, par contre à la deuxième qui fait presque un demi-tour, c'est l'embouteillage, tout le monde est en brasse les uns sur les autres, presque à l'arrêt, et ça frotte un peu pour se remettre dans la bonne ligne. Sortie à l'Australienne au bout de 1000m, j'ai l'impression d'avoir bien nagé, je regarde mon poignet: Bord*** de Merd*! j'ai perdu ma montre dans la bagarre! je vais devoir faire le reste de la course à l'aveugle. 2ème boucle de natation tout en contrôle, je tiens bien mes lignes: no problem et je sors en me disant que ça ne m'aurait pas gêné de nager encore un peu. J'arrive derrière Aurélien à la T1, je prends tout mon temps, je mange un peu etc... On est l'un à côté de l'autre: l'organisation a groupé les concurrents par club: On est 12 Wilders!!! (mais seulement 2 trifonctions noires et vertes).

  Vélo: 107km (1700D+). Je connais le début du parcours vélo, je sais que la montée au Tanneron est assez raide sur 10km donc je gère. En début de course on discute avec les autres concurents, c'est vraiement sympa. Il y a 3 ravitos. Je suis mon plan à la lettre, je fais tout aux sensations pour ne pas exploser à cause du manque d'entraînement. Le parcours vélo dans l'arrière pays cannois est superbe, il n'y a pas 50m de plat, c'est une succession de bosses. Je décide de prendre le temps de m'arrêter pour m'alimenter et remplir les bidons au ravito du km 48, j'ai bien fait: dans le village on prends une ruelle à droite: Damn! un raidillon terrible de 2 ou 300m à plus de 15% me fait très mal aux cuisses! Je dois choper une crise de "syndrome Gilles de la Tourette" parce que je balance une ou 2 bordée d'insultes contre la terre entière! Ensuite je récupère et je sais que le profile est plat à partir du 90ème km. Ce n'est pas une promenade de santé quand même parce qu'il y a une dernière petite côte de 500m entre Pegomas et Mandelieu ou je sens que je commence à être dans le dur, j'avance plus. Et au moment d'aborder les 8 derniers km en ligne droite en bord de mer, je suis isolé et il y a un fort vent de face, pas moyen de s'abriter. J'en ai marre, je n'avance plus, je suis pressé de poser le vélo. le palais de festival, la croisette avec plein de monde mais une voie de circulation est réservée, les applaudissements du public me donnent un peu de courage pour appuyer un peu sur les pédales en position aéro (j'ai gardé le prolongateur pour pouvoir changer de position de temps en temps et me reposer...). En arrivant dans le parc, je découvre mon chrono. La vache: presque 1/2h de plus que ce que j'avais prévu. Les 1700 de D+ ont fait très mal car je suis complètement sous-entraîné et pas tellement grimpeur de toutes façons.

  En T2: surprise, le vent a fait valser toutes les affaires, il y en a partout. Je prends mon temps pour bien boire et m'alimenter mais je mets au moins 30s pour retrouver mes chaussures qui sont aller se balader 10m plus loin à cause des bourasques. C'est pas grave, ça ne va pas me coûter la victoire vu qu'à ce moment là les élites ont déjà franchi la ligne d'arrivée... Tiens, Richard Dacoury, l'ancien capitaine de l'équipe de France de basket pose son vélo aussi, je le vois partir devant moi. Au bout d'un km ou 2 je le rattrape, il a vraiment un petit rythme, je prends le temps de discuter avec lui. Je suis fan de basket depuis l'adolescence et à ce moment là je porte un bandeau "Euroleague basketball" autour de la tête. Je le chambre pour qu'il fasse honneur à sa légende : vainqueur de l'Euroleague en 1993 le mec! Par contre, même s'il ne fait pas son âge il me dit qu'il est cuit et qu'il a quand même 59 ans, en plus on voit que même s'il a un corps entretenu, il fait quand même un petit 2m et environ 110kg de muscle. Le parcours fait 4 tours de 4km dans la marina et un petit retour sur le boulevard de la croisette et on peut se croiser de temps en temps. Je rencontre Aurélien qui a presque 1 tour d'avance sur moi, ça fait plaisir de se dire un petit mot d'encouragements, 1 high-five et c'est reparti. Je suis en 5'30 au km environ. Habituellement on pourrait dire que c'est nul, mais dans mon état je m'en contente. Je sais que je suis sur la réserve. Au ravitaillement du 8km, je marche 50m le long des tables avant de repartir mais ça commence à être dur. Mon rythme est de plus en  plus lent, je vois qu'Aurélien me reprend du temps à chaque tour et je l'envie d'être dans sa dernière boucle. Ravito du km 12: j'en peut plus, il ne me reste plus rien dans les baskets. Je me dit qu'il faut finir. Le lamentin a franchi la ligne, il m'aperçoit et essaie de me motiver, je marche plusieurs centaines de mètres. Mon dernier tout est un chemin de croix. J'essaie de recourir dès que je peux mais je craque complètement. Au bout du compte sur ce tour j'aurai marché 2/3 du parcours je pense. Le "Dac" et ses 110 kilos me rattrapent, avec son statut de VIP, une charmante jeune fille du staff l'accompagne sur tout le dernier tour... Il me tape dans le dos en me doublant à 1km de l'arrivée en me disant de m'accrocher, je suis à l'agonie, en pilote automatique, je lui répond avec un signe de tête, j'ai plus la force de plaisanter. Je réuni mes dernières forces pour finir dignement, je recommence comme je peux... et je fini par le redoubler à 200m de la ligne. J'ai honte: il a essayé de me tirer, et moi je le pourri comme un malpropre à 1 minute de l'arrivée, mais à ce moment là je lutte trop pour faire des sentiments. J'entends la voix d'Aurélien, j'ai pas la force de lui répondre. Les derniers virages sur le tapis bleu azur sont interminables. Je franchi la ligne: je suis mort. J'ai mis plus de 7h. Je suis lucide et un peu déçu d'avoir marché dans le dernier tour mais je suis content d'en avoir fini.

  La croix rouge me prend en charge car je n'arrive plus à faire un pas, ils me prètent un siège, une couverture de survie parce qu'il commence à faire froid. Et heureusement Aurélien est là pour m'apporter des tas de trucs à manger. Je meurs de faim. Je me goinfre de pates, taboulé, jambon, gâteaux etc... et surtout de l'eau! Je suis content de le voir. On se raconte nos péripéties. Le triathlon c'est dur mais c'est chouette. On rentre tant bien que mal en pensant à profiter des prochains jours de vacances.

  Moralité: c'était dur mais une très belle épreuve. Dommage que la météo n'aie pas été terrible car normalement à cette saison, c'est grand soleil... Mais on a évité le pire, le lendemain c'est la tempête. Et ce que je retiens surtout c'est que ça ne pardonne pas de ne pas être préparé. Ce serait injuste pour tous ceux qui s'entraînent dur toute l'année si on pouvait se pointer comme une fleur sur un half et s'en sortir sans transpirer. Maintenant je suis soulagé d'être allé au bout et j'ai faim de me remettre sérieusement à l'entraînement. A cet instant il me reste 17 semaines pour être affuté pour les mondiaux de Lausanne sur distance olympique.

   Conclusion chers Widers et Wildeuses: pour performer, pas de secrets: Tout le monde à l'entraînement!!!

 

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